Fukushima, le combat continue

Fukushima, le combat continue

Procès en cours

Bientôt 9 ans se seront écoulés depuis l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima.

Un document du 31 août 2019 de la Fédération des avocats du Japon (Japan Federation of Bar Association, Nichibenren) nous apprend qu’une trentaine de procès en action collective a été intentée devant différents tribunaux. Certaines décisions ont été rendues, puis frappées d’appel.

Selon un autre document de 2017, plus de 20 000 requêtes sous forme de modes alternatifs de règlement des conflits (appelés au Japon « ADR », Alternative Dispute Resolution) ont été enregistrées et plus de 17 000 cas ont abouti à un règlement.

Quelle que soit la forme de démarche, il convient de noter que les demandes ne sont pas homogènes, elles concernent la reconnaissance de la responsabilité (celle de l’Etat, de Tepco ou d’une collectivité), des dommages-intérêts relatives à la dégradation du cadre de vie, de la santé, de l’environnement ou à la perte (biens, travail, lieu de vie…), mais aussi la remise en état (décontamination, réhabilitation du lieu…).

Enfants dans une procédure collective

En 2014, environ 200 parents et enfants ont introduit collectivement une action en justice appelé « Procès pour protéger les enfants de l’irradiation » au tribunal de district de Fukushima. Ils demandent au tribunal de reconnaître le droit des enfants à l’éducation dans un environnement exempte d’inquiétude d’irradiation et de reconnaître la responsabilité de l’Etat et du département de Fukushima d’avoir exposé inutilement les enfants aux radiations en négligeant de prendre des mesures pour éviter l’exposition à la radioactivité.

Lien vers la page concernée du site Change.org

Procès sur une centrale biomasse

Une centrale biomasse est-elle écologique ? Lorsque les ressources utilisées proviennent des forêts contaminées, on a un doute.

En septembre 2019, 11 habitants de la ville Tamura ont saisi le tribunal de district de Fukushima contre leur maire. Ils demandent l’arrêt de la subvention à l’activité de la centrale biomasse créée dans leur ville et des dommages-intérêts (sinon la restitution de la subvention déjà payée).

La grande partie des forêts contaminées n’a pas fait l’objet des opérations de décontamination. L’entreprise qui exploite la centrale biomasse explique qu’elle utilisera un double filtre. Cependant, les habitants demandeurs doutent de l’efficacité et la durabilité d’un des deux filtres, appelé filtre HEPA (High Efficiency Particulate Air), en s’appuyant sur des problèmes relevés par des spécialistes.

En octobre 2019, le tribunal de district de Maebashi (département de Gunma) a débouté la demande des habitants contre le département de Gunma sur la centrale biomasse de leur région. Les habitants demandeurs décideront s’ils font appel ou pas.

Problèmes de sacs de déchets contaminés

91 sacs de déchets contaminés ont été dispersés lors du passage du typhon 19 (Hagibis).

40 sacs n’ont pas été retrouvés. Parmi les sacs retrouvés, 24 sacs étaient ouverts (les déchets sont donc quelque part dans la nature…).

1 sac : environ 1m3, entre 300 kg et 1,2t

Ces sacs étaient stockés sur des sites dits de stockage temporaire (temporary storage site).

Sources : Ministry of the Environment website https://www.env.go.jp/press/107399.html

C’est quoi un site de stockage temporaire ?

Selon des informations publiées sur le site web du Ministère d’environnement du Japon, 236 sites de stockage temporaire (temporary storage site) sont gérés par l’Etat, 760 sites relèvent de la compétence des collectivités.

Les déchets contaminés collectés suite à des opérations de décontamination sont contenus dans des sacs conçus à cet effet. Ils sont ensuite stockés temporairement, soit sur des sites de stockage temporaire, soit sur des lieux où l’opération de décontamination a été effectuée.

Ensuite, ils seront stockés en installations de stockage intermédiaire (Interim Storage Facility) situées près de la centrale accidentée. Les déchets stockés devraient être transportés dans d’autres départements pour être détruits.

Dans certains cas, les déchets contaminés seront détruits sans être stockés en installations de stockage intermédiaire.

Sources : Ministry of the Environment website https://www.env.go.jp/press/107399.html

Combien de sacs sont actuellement sur les sites dits de « stockage temporaire »?

D’après un document disponible sur le site du Ministère d’environnement du Japon, on compte environ 4 550 000 sacs en novembre 2019,  environ 4 360 000 sacs en décembre 2019, dans le seul département de Fukushima (sur les sites dont les opérations de décontamination sont gérées par l’Etat). Ce chiffre ne concerne pas les sacs qui se trouvent dans les autres départements.

Les sites de stockage temporaire sont souvent à l’extérieur, même une partie de jardin de particulier peut être affecté à cette utilisation.

Sources : Ministry of the Environment website https://www.env.go.jp/press/107399.html et http://josen.env.go.jp/plaza/info/data/pdf/data_2002_02.pdf

La réouverture de la totalité de la ligne Joban (JR East) est-elle pour les JO de Tokyo ?

Le tronçon entre la gare de Tomioka et la gare de Namie de la ligne Joban était fermé depuis le séisme du 11 mars 2011 et l’accident nucléaire de Fukushima. La date de réouverture a été annoncée récemment : le 14 mars 2020.

Ce tronçon concerne plusieurs zones d’évacuation et la réouverture s’accompagnera de la levée de l’ordre d’évacuation de quelques zones.

Suite à un essai de mise en service en décembre dernier, un syndicat a publié un communiqué de contestation où il relève que les passagers et les agents risqueront de subir une exposition interne à la radioactivité.

Sources : http://doromito.blog.shinobi.jp/Date/20191225/

Approfondir sur le problème de la réouverture :  https://www.k-center.org/wp/2019/09/post-5712/

La levée de l’ordre d’évacuation et la flamme olympique

La ville de Futaba-machi était la seule ville dont la totalité du territoire restait sous l’ordre d’évacuation. Dès l’annonce de la levée de l’ordre sur une partie de son territoire qui sera effective à compter du 4 mars 2020, on envisage l’intégration de cette zone dans l’itinéraire du relais de la flamme olympique de Tokyo 2020. Ainsi, selon les dernières informations, la flamme olympique éclairera Futaba-machi pendant le relais le 26 mars 2020.

Avec l’intégration de Futaba-machi dans l’itinéraire, tous les 11 villes et villages qui ont connu l’ordre d’évacuation accueilleront des coureurs du relais. La course du relais de la flamme olympique démarrera du J-village, situé dans une zone littorale du département de Fukushima.

Il faut préciser que la levée pour la ville de Futaba-machi est partielle, elle correspond à 4% du territoire, le reste de la ville reste de la ville est toujours considéré comme une zone inhabitable et le retour des habitant ne sera pas immédiat même sur la zone faisant l’objet de la levée.

La levée de l’ordre d’évacuation ne signifie pas la remise en état du lieu

La levée de l’ordre d’évacuation accompagne la politique d’encouragement au retour dans les zones concernées. Cependant, la levée de l’ordre d’évacuation ne tient pas forcément compte de la remise en état du cadre de vie. Il est donc naturel que les réfugiés hésitent à y retourner.

Ces réfugiés, s’ils ne retournent pas à leur lieu d’origine, deviennent alors réfugiés volontaires bien malgré eux. L’aide publique (financière, logement, etc.) aux réfugiés prend fin avec la levée.

Selon un document de l’agence de reconstruction, on compte, au 14 janvier 2020, environ 48 000 réfugiés dus au séisme du 11 mars 2011 (ou les catastrophes qui ont été provoquées par ce séisme). Ce chiffre ne distingue pas s’il s’agit des réfugiés volontaires (zones où l’ordre d’évacuation n’a pas été donné ou l’ordre d’évacuation a été levé) ou réfugiés sous contrainte (zones sous l’ordre d’évacuation).